Idéalisme
On nomme idéalisme toute prééminence donnée à des formes abstraites ou représentations mentales sur la réalité, qu'elle soit expérimentée ou qu'elle soit inconnaissable ; ces formes étant comme l'essence des caractères certains de la réalité,...
Page(s) en rapport avec ce sujet :
- L'idéalisme répond généralement à cette question, soit qu'il est complexe de ... Ici, l'idéalisme cherche alors à répondre à la question suivante : de quoi... (source : philocours)
On nomme idéalisme toute prééminence donnée à des formes abstraites ou représentations mentales sur la réalité, qu'elle soit expérimentée ou qu'elle soit inconnaissable ; ces formes étant comme l'essence des caractères certains de la réalité, qui est alors réduite à une dimension accessoire, ou alors illusoire.
Un concept multiple
Ce schéma particulièrement général se décompose en tout autant d'espèces d'idéalisme qu'il y a de manière de relativiser la réalité au bénéfice d'un quelconque monde conceptualisé ou de la conceptualisation elle-même :
- L'idéalisme peut en premier lieu consister à retirer à la réalité toute apparence, les phénomènes étant en réalité des représentations de l'esprit ;
- L'idéalisme peut consister à affirmer que la pensée est l'unique réalité certaine ; toute autre étant du domaine de la conjecture ;
- Le monde lui-même assimilé analogiquement à un être pensant (point 2), l'idéalisme consiste toujours à supposer la dérivation des êtres et de la réalité à partir d'un principe spirituel (pensée, conscience, concept, etc) ;
- Au degré suivant, l'idéalisme affirme l'existence véritable d'un monde conceptuel (réalisme de l'intelligible) ; avec de multiples variantes selon la prégnance ou emprise de cet univers sur le monde sensible si ce dernier demeure ;
- Enfin, toute forme envisageable de réalité sensible étant devenue insignifiante, un autre parfaitisme se résume à ramener la majeure partie de l'être à la pensée ou à la conscience.
Ce tableau des principaux types d'idéalisme nomme deux observations :
-
- Ne s'appliquant pas au même objet et pour cause, les postulats de ces parfaitismes peuvent être plus ou moins contradictoires. Il apparaît complexe par exemple de poser la pensée comme seule réalité fiable et d'avancer en même temps l'hypothèse d'une réalité plus transcendantale.
- Quel que soit le scepticisme qui peut les accompagner, ces formes pures d'idéalisme ne sont pas des étapes vers le nihilisme et toute démarche parfaitiste consiste plus fréquemment en un déplacement du lieu du réel qu'en sa négation. Cela a pour conséquence que tout parfaitisme peut être reconnu selon d'autres critères ou d'autres circonstances comme un réalisme, d'un autre ordre peut-être, ainsi en est-il typiquement du "monde des Idées" de Platon.
L'idéalisme antique
Pour Platon, la réalité se divise en deux espaces : le monde visible et le monde intelligible.
Dans le monde visible il faut distinguer ce qui est de l'ordre :
- des êtres vivants, plantes et objets de fabrication humaine
- de l'image ;
- les ombres (c'est à partir d'une ombre qu'a été réalisée la première image)
- les fantômes : reflets (ex. Narcisse) ou à une surface polie (ex. Le bouclier de Persée) et les autres représentations dues à la main de l'homme
-
- Les images sont des imitations de la première catégorie (modèles), mais les images n'imitent que l'apparence du modèle. Elles ne peuvent par conséquent pas nous rapprocher de la connaissance de l'objet.
Dans le monde intelligible on distinguera :
-
- la connaissance discursive, celle qui se fonde sur des hypothèses ou sur l'observation des modèles. Ici on classerait la totalité des sciences, autant humaines qu'expérimentales.
- l'intelligence dialectique, celle qui s'intéresse aux principes qui régissent toutes choses sans passer par l'exemple ou la «modélisation».
Aux dernières limites de l'intelligible, seul le philosophe peut apercevoir l'idée du bien. C'est à dire, les idées sont d'un ordre supérieur et c'est à l'homme de s'élever vers elles. Ainsi Platon fait de la philosophie l'outil de la connaissance véritable.
À l'idéalisme de Platon, on oppose quelquefois le réalisme d'Aristote. Mais les Idées ont une existence indépendante de nous : Platon est par conséquent bien un réaliste, mais un réaliste de l'intelligible. L'aristotélisme est alors reconnu comme une variante du platonisme qui s'en distingue principalement par l'immanence de ces principes.
Une autre opposition à l'idéalisme de Platon se trouve dans l'atomisme de Leucippe et Démocrite, dont les théories sont purement matérialistes. Pour eux, l'Univers est seulement constitué de vide et d'atomes.
L'idéalisme moderne
Lorsque l'idéalisme antique se contentait de valoriser d'une façon ou d'une autre l'intelligible du monde, les penseurs de l'époque moderne ont poussé quelquefois particulièrement loin la logique de cette relativisation de la réalité sensible. Au cours du temps, d'idéalisation en renforcement de la subjectivité, le crédit en l'extériorité du monde s'est réduit comme une peau de chagrin et l'idéalisme moderne résiste faiblement à la tentation de nier l'"altérité" de la réalité, qui est réduite dans sa totalité à de l'intelligible.
- Descartes, parfaitisme problématique : la pensée est la réalité la plus évidente, la réalité du monde extérieur est problématique. Seul Dieu peut nous la garantir.
- Leibniz : les substances sont spirituelles, et Dieu établit une harmonie entre elles.
- Berkeley, parfaitisme immatérialiste ou parfaitisme empirique : la matière est une fiction ontologique. Berkeley considère que la conscience attribue par erreur une objectivité à ce qui n'est qu'une production parfaite. Cette doctrine nie par conséquent qu'on puisse connaître le monde extérieur tel qu'il est dans la mesure où il n'existe pas en soi mais uniquement dans la pensée. Une formule célèbre la résume : "Être, c'est être perçu ou percevoir. " (Traité sur les principes de la connaissance humaine, 1710).
- Kant, parfaitisme transcendantal : limitation de la raison, distinction entre phénomène et noumène, c'est-à-dire entre l'expérience que nous pouvons atteindre, et la chose en soi qui nous est inconnue. Ici encore, il n'y a pas d'idéalisme au sens strict. Par contre, l'unique réalité connaissable étant phénoménale, Kant se qualifie lui-même d'idéaliste transcendantal, d'autant que c'est nous qui donnons ses lois à la nature.
- Schopenhauer, parfaitisme volontariste : le monde est à la fois ma représentation, et un principe non rationnel dépourvu de connaissance, la Volonté, qui parvient à se "connaître" par la représentation dans le monde phénoménal.
- Hegel, parfaitisme absolu : l'unique réalité est l'Esprit absolu, l'esprit est tout et tout est esprit. L'Esprit absolu est aussi Raison universelle : "tout ce qui est réel est rationnel, et que tout ce qui est rationnel est réel".
Voir aussi
Recherche sur Amazon (livres) : |
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/03/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.